Ce Brésilien vient travailler l’été au pays des vacances

Ce Brésilien vient travailler l’été au pays des vacances… à La Baule exactement.

Paulo Monteiro, jeune chef d’entreprise, quitte Rio de Janeiro pour La Baule, l’été, afin de profiter de la mer et de l’espace de coworking. Entretien avec l’entrepreneur brésilien.

Venir de Rio de Janeiro pour passer des vacances à La Baule, station balnéaire dont le slogan est « Travailler au pays des vacances », peut paraître assez baroque. Pas pour Paulo Monteiro. Ce Brésilien très chaleureux au sourire permanent est amoureux de la France. Il est marié à une Française d’origine nantaise, Charlotte Boulan, et la petite famille vient passer depuis deux ans l’été avec la belle-famille dans la résidence secondaire de Mesquer. Lui, il en profite pour travailler au coworking de la gare de La Baule. Cet espace accueille des entreprises à l’année et plusieurs travailleurs indépendants d’origines étrangères, des Hollandais, des Allemands…

Paulo, 36 ans, adore ce rythme : partager une partie de la journée avec son épouse et leur petit Martin, 2 ans ; puis se rendre dans l’open space baulois pour travailler avec son ordinateur à partir de 16 h.  Il y a un décalage horaire de cinq heures avec le Brésil, alors je travaille en décalé entre 16 h et 23 h-minuit , souligne ce créateur d’une entreprise de cours de sciences en ligne, qui compte plus d’une trentaine de salariés.

Le site qu’il a créé, Responde Ai, dispense en langue portugaise des exercices de sciences, plus de 300 000 au total, dans le domaine des mathématiques, de la physique, de la chimie, pour des élèves qui ont plus de 12 ans. Et cela marche très fort :  Plus de 3 millions de personnes sont abonnées, mais tout le monde ne paye pas car il y a une partie du site qui est d’accès gratuit , souligne ce résident de Rio de Janeiro, qui a trouvé dans la création de son site, voici onze ans avec un copain, un moyen de subsistance tout en offrant une vraie richesse sociale, pour aider à l’éducation au Brésil et dans les autres pays de langue lusophone.

 Ce n’est pas une ONG, c’est une entreprise mais avec une vocation sociale, car notre projet est d’avoir un impact social, nous aidons à changer les gens, à améliorer leur vie , résume dans un français parfait le Brésilien, pimenté d’un charmant accent. Les abonnements ne sont pas très chers, de l’ordre de 5 € par mois, permettant de découvrir tous les contenus, les vidéos, les exercices corrigés :  Chacun peut progresser à son niveau, du lycée au début de l’université. 

Une start-up de formation en ligne

Paulo Monteiro a suivi une école d’ingénieur à Rio et, dans ce cadre, il est venu en France à Douai pour suivre un an d’échange avec l’école des Mines. Il est ensuite revenu pour passer six mois à Paris à l’ESCP, une école de commerce, afin d’y mûrir son idée de start-up. C’est là qu’il a connu  Make sense », une organisation qui crée depuis 2010  des outils et des programmes de mobilisation collective, pour permettre à tous et à toutes de passer à l’action et de construire une société inclusive et durable .

Le parrain de Make Sense est Muhammad Yunus, l’actuel Premier ministre du Bangladesh. Il est mondialement connu pour avoir créé, en 1976, la première institution de microcrédit, la Grameen Bank, il a reçu le prix Nobel de la paix en 2006.

Il y a onze ans, Paulo a aussi rencontré Charlotte, qui suivait elle aussi Make Sense, après une formation en école de commerce. Celle qui est de venue son épouse, anime, elle aussi, un site sur le net de cours de français. La fibre sociale, Paulo la développe avec un second projet en ligne, qui dispense des formations qui ne sont payantes qu’à la fin des études, après la signature d’un contrat de travail. L’idée est d’aider les jeunes les moins argentés. Mais ce projet de formation, baptisé Driven, lancé voici neuf mois, n’a pas suffisamment séduit. Il n’est pas encore rentable ; l’inflation de 6 à 7 % depuis deux ans a impacté la société qui doit avancer les charges de la formation et attendre l’embauche des jeunes.  L’inflation nous a impactés lourdement. En plus, les entreprises embauchent moins.  Le projet demeure, mais il mettra plus de temps à s’épanouir :  On grandit mais pas à la vitesse que l’on souhaitait.

Paulo gérait à distance, cet été, depuis le coworking baulois, son entreprise, ses développeurs, ses profs. Il vient juste de repartir avec femme et enfant à Rio. Mais il a donné déjà rendez-vous à La Baule l’été prochain.

Source :

Ouest France